Il y a quelques semaines nous avons redécouverts Lille grâce à des visites et activités que nous n’avions jamais fait. On vous fait un compte-rendu, en espérant que ça vous convaincra de venir découvrir la capitale des Flandres le temps d’un week-end (ou plus si affinités!).
La majorité des gens associent Lille à la grisaille, la pluie, le froid. Pour moi, Lille rime avec convivialité, briques rouges, bières, expositions et évènements en tout genre, bonne bouffe, street art, architecture, et simplicité.
Cela fait maintenant presque 8 ans qu’on vit à Lille, et pourtant, on est loin d’en connaître chaque recoin ou de participer à toutes les activités culturelles qui y sont organisées. On a donc profité du passage du collectif En France Aussi dans la métropole pour (re)découvrir notre ville d’adoption et ses alentours. Il faut dire que le programme était composé d’activités très chouettes, dont certaines qu’on n’avait pas encore eu l’occasion de faire, une aubaine donc!
Ça vous tente de faire du camping sur les toits d’une ancienne usine ?
La ville de Lille est très agréable à pieds ou à vélo, et on adore s’y balader dès que le soleil pointe le bout de son nez. Tout est proche et on n’a pas besoin d’utiliser la voiture, c’est génial. On s’y perd régulièrement le temps d’une journée, en flânant dans le Vieux Lille, en faisant un tour à la Citadelle ou au zoo, en se posant dans un parc, en visitant une expo, ou en parcourant ses nombreux marchés.
Nous avons rejoint le groupe de blogueurs d’En France Aussi le samedi à la mi-journée, au moment où ils se dirigeaient vers la Grand Place (Place du Général de Gaulle). Cette place est une concentration de l’histoire de la ville avec son style architectural riche, varié, mais néanmoins harmonieux. La ville a en effet été aux mains des Comtes de Flandres, des Ducs de Bourgogne, des Habsbourg, … avant de redevenir française. Et ça se voit rien qu’en faisant un 360° autour de la colonne de la Déesse au centre de la Grand Place.
On n’est pas des experts, mais il y a des lieux qu’on adore sur cette place.
D’un côté, se trouve le Furet du Nord, la plus grande librairie de France avec ses 8000 m². C’est là qu’on achète nos guides de voyage bien sûr, mais c’est aussi le magasin que Jérémy redoute le plus. Il sait que, même si je ne suis pas fan de shopping, je ne peux pas résister aux livres et je ressortirai du Furet avec bien plus de bouquins que ce qui était prévu.
En face, la Vieille Bourse. Il s’agit probablement d’un de nos lieux préférés à Lille. Le bâtiment de style renaissance flamande date du 17ème siècle, et est composé de 24 demeures identiques renfermant une cour intérieure. A l’origine, elle permettait à 24 commerçants d’avoir une vitrine sur la place du marché, et démontrait de la puissance commerciale de Lille, à l’instar de Bruges, Gand et Anvers. Aujourd’hui, la cour intérieure accueille notamment des bouquinistes, des joueurs d’échecs, et des danseurs de tango. Y flâner est comme faire un bond dans le temps. On adore y détailler les livres plus ou moins anciens, les cartes ou journaux d’époque, les affiches de film ou jouets pour enfant, … qui y sont vendus.
Et entre ces deux bâtiments, presque à mi-distance, on a découvert il y a moins de deux ans qu’une parcelle des pavés d’origine de la place du Moyen- ge a été conservée (15ème siècle). La majorité des badauds y passent sans s’en rendre compte, et ça ne vaut clairement pas la peine d’aller à Lille juste pour ça, mais nous, ça nous fait sourire à chaque fois qu’on passe à proximité. On a l’impression de détenir un secret (maintenant dévoilé…) et d’être privilégiés.
En avançant vers le Beffroi et la Porte de Paris, puis vers la Gare Saint Sauveur, on se rend bien compte que Lille a de nombreux visages, et que ses quartiers ont une identité propre.
Le quartier de Saint Sauveur n’est pas très loin de notre appart’, donc on y passe assez souvent. Généralement, c’est pour aller d’un point A à un point B, ou pour aller voir une expo. Grâce à cette balade, on s’est rendu compte qu’on était rarement attentifs en y passant. On y a découvert un quartier riche en street art, dont certaines oeuvres ont été réalisées par des artistes internationaux à l’occasion de la Biennale Internationale d’Art Mural (BIAM) créée par le Collectif Renart.
La Gare Saint Sauveur est quant à elle un lieu qu’on connaît bien, et ça n’a rien à voir avec nos nombreux voyages ferroviaires ;-) Entre 1865 et 2003, ce bâtiment inaccessible aux voyageurs a vu passer un nombre impressionnant de trains marchandises. Aujourd’hui, la Gare n’en a plus que le nom et a été reconverti en espace culturel en 2009. De nombreux évènements y sont organisés chaque année, dont des expositions temporaires et thématiques dans l’une des halles de l’ancienne gare, alors que le Bistrot St So en occupe une autre. La cour intérieure est utilisée pour des concerts, des foires, des apéros urbains, des festivals (Mange, Lille! par exemple), … Ambiance détendue et hors du temps, on adore!
Je pense qu’on a visité une bonne partie des expos faites à la Gare Saint Sauveur. La dernière en date est organisée par Lille3000 sur le thème de Ola Cuba. La Gare rassemble exclusivement des artistes cubains (excepté un…) qui présentent leurs oeuvres partageant une vision contestataire, insolite, politique, ou même philosophique de leur pays. Ce qui nous a beaucoup surpris, c’est que certaines des oeuvres ont été créées sur place et sont vouées à être éphémères. On a beaucoup aimé.
Vers 16h30, le groupe d’En France Aussi s’est lentement dirigé vers Roubaix pour y passer la nuit. On pensait les rejoindre le lendemain matin pour la suite des visites, mais c’était avant de savoir qu’ils allaient camper sur les toîts de la Condition Publique!
La Condition Publique, c’est une “manufacture culturelle” installée dans ce qui était autrefois un lieu de contrôle qualité, de stockage, et de conditionnement de la laine et d’autres matières textiles telles que la soie et le coton. Cette friche industrielle a été réhabilitée en 2003 et sert aujourd’hui d’espace créatif, de rencontres, d’expositions, de vie, et de mémoire rattaché au patrimoine de la région.
A la découverte du lieu, on ne regrette pas d’avoir suivi le groupe. Les deux bâtiments hauts de 8 mètres et séparés par une rue intérieure pavée et couverte offrent un espace insolite où de nombreux évènements et manifestations culturels ont lieu. Les toîts terrasses ont été envahis par le collectif Yes We Camp jusqu’à l’été, et on y trouve des tentes individuelles, pour 2 ou 3 personnes, ainsi que des “clapiers” individuels et des cabines pouvant accueillir 3 personnes, le tout en bois et tissus épais. Des espaces détente et discussions sont aménagés au coeur du camping, sur un fond de street art avec des oeuvres de Jef Aerosol couvrant les murs. Chaque couchage a en fait un matelas et des draps propres, et une douche est également disponible. C’est le grand luxe!
Après avoir préparé nos couchage, et un passage éclair dans l’expo “Habitarium”, on s’est baladé autour de la Condition Publique. Il s’agit d’un quartier pauvre, où il n’est pas rare de voir des bâtiments délabrés et des détritus au milieu de la rue. Pas très vendeur tout ça? C’est vrai. Mais c’est aussi un quartier qui regorge d’oeuvres de rue, où des graffeurs tels que Jef Aerosol ou Mr Voul par exemple ont laissé leur (très jolie) marque. La ville de Roubaix encourage d’ailleurs l’utilisation de certains murs par les artistes. De quoi nous faire apprécier la balade…
Au retour, on s’est installé autour d’une table sur la rue pavée et couverte, et on a profité de la bière et du repas préparé sous nos yeux avant de retourner dans nos quartiers pour la nuit.
Villa Cavrois et Manufacture de Roubaix
La nuit sur les toits terrasses a été étonnamment reposante. “Étonnamment” car un groupe de campeurs a discuté assez tard à proximité de notre tente, et on avait un réveil à 7h le lendemain matin. On n’était donc pas hyper confiants d’être en forme pour le deuxième jour. Et pourtant…
Après un petit déj’ hyper convivial, on s’est mis en route vers Croix et sa Villa Cavrois.
Cela faisait des années que cette visite était sur notre liste des choses à faire absolument, mais on n’avait jamais pris le temps de passer à l’action (honte à nous!). C’est donc hyper enthousiastes et impatients qu’on commence la visite avec notre guide qui nous renseigne sur l’histoire de cette maison, l’histoire de la famille qui l’a fait construire, et la transformation du lieu en musée. Le plus par rapport à la visite virtuelle classique grâce aux tablettes à disposition à l’entrée? Il nous partage également de nombreuses anecdotes de la famille Cavroix, de la collecte des objets d’origine qui se trouvent aujourd’hui dans la villa, et il nous fait accéder à des endroits fermés au public. Tout ce qu’on aime!
La Villa Cavroix mériterait un article à part entière tant on a adoré cette visite. En bref, la demeure de 1600 m² a été dessinée et conçue par l’architecte Robert Mallet-Stevens sur une commande de la famille Cavroix en 1929. Sa construction s’est achevée en 1932 et la famille Cavroix y a emmenagé dans la foulée. En 1939, comme une partie importante du patrimoine de la région, la Villa a été réquisitionnée et occupée par les Nazis, et ce jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. C’est d’ailleurs cette même année, et avant de quitter les lieux, que M. Cavroix a ouvert la chambre forte située dans son bureau pour la dernière fois, et un vrai mystère entoure aujourd’hui cette “pièce” inexplorée de la maison. La famille Cavroix a repris possession des lieux de 1948 à 1985. L’usine Cavroix a ensuite fermé ses portes, poussant la famille a changé de train de vie et à céder la villa.
Outre l’architecture avant-gardiste de la Villa Cavroix, on est particulièrement tombé sous le charme de plein de détails qui en font une maison moderne et suscitant l’envie encore aujourd’hui. Les meubles de la cuisine sur mesure qui épousent parfaitement l’arrondi des murs, l’absence d’éclairages directs, les matériaux de qualité utilisés dans sa conception, le parquet si ingénieux des pièces de vie du rez-de-chaussée, les radiateurs masqués subtilement dans chaque pièce, le système horloger de la maison contrôlé au départ de la cuisine, la vue quasi constante sur le jardin magnifique, les toîts terrasses où on s’imagine facilement organiser un apéro en fin de journée ou un barbecue un dimanche ensoleillé, le système d’haut-parleurs présent dans chaque pièce, la salle de bain parentale plus grande que notre appart’ lillois, la piscine de 27 mètres de long dans laquelle l’un des fils Cavroix aimait se jeter au départ de la terrasse de sa chambre au premier étage, la salle de jeux des enfants, l’harmonie entre les arrondis et les droites, … Absolument chaque détail interpelle, suscite l’émotion, et donne envie de passer du temps dans cette demeure.
C’est littéralement notre coup de coeur de ce week-end, et les trois petites heures qu’on y a passé ne nous ont pas rassasiés. On compte bien y revenir très prochainement!
Le reste de la journée était libre, et un petit groupe a décidé d’aller à La Manufacture de Roubaix. Il s’agit d’un musée dédié à la mémoire et à la création textile ouvert au coeur d’une ancienne entreprise de tissage. On avait rendez-vous avec Pierre, un tisserand ayant travaillé une bonne partie de sa vie dans un des multiples ateliers industriels de Roubaix. Il a passé une heure environ à nous expliquer l’évolution du métier de tisserand, de la technologie qui y est associée, et du paysage industriel de la ville, tout en partageant ses souvenirs en tant qu’ancien travailleur de l’industrie textile mais également ancien représentant syndical pour ses collègues ouvriers.
Pierre était employé par La Lainière de Roubaix, entreprise de filature textile travaillant surtout la laine, qui a connu un développement important entre la fin de la première guerre mondiale et le milieu des années 70. Elle a compté jusqu’à 8000 employés en France ainsi que des filiales dans différents pays autour du globe. Cependant, comme toute l’industrie textile de la région, La Lainière a connu des difficultés financières menant à des plans de licenciement successifs jusqu’à fermer ses portes en 2000.
A l’apogée de l’industrie textile, Roubaix était considérée comme la capitale mondiale de la laine. Si l’on en croit Pierre, la ville compte alors 120.000 habitants, plus de 100 nationalités différentes, et entre 350 et 400 entreprises soutenant l’industrie du textile (que ce soit des fonderies, des entreprises de mécanique, d’emballage, …).
En observant plus attentivement le paysage urbain de Roubaix, on se rend d’ailleurs compte que de nombreuses cheminées dénotant la présence d’une usine à une certaine époque sont toujours présentes. Apparemment, celles-ci seraient aujourd’hui entretenues par l’Etat et serviraient encore de points de repère pour les avions survolant la zone.
Pierrot (parce que oui, on lui a donné un petit nom!) a rendu cette visite vivante, interactive, personnelle, et pleine d’humour. On a adoré cette heure passée à ses côtés.
Dans l’ensemble, ce week-end nous a permis de (re)découvrir notre ville d’adoption sous un angle différent, et nous encourage à explorer de plus en plus ce qui se trouve (presque) devant notre appart’. Et vous, ça vous donne envie d’explorer Lille et ses environs?